Le rapport Tabarot va-t-il achever la scolarisation à deux ans ?

Publié le par FCPE Villecresnes maternelles - primaires

De 2000 à 2007 le taux de scolarisation à 2 ans est passé de 35% à 20% des enfants (-8% l'année dernière). Constat du rapport Tabaraot paru cet été.

"A l’heure où les travaux internationaux sur l’éveil et l’éducation des jeunes enfants montrent que le développement des structures qui associent garde et éducation est une nécessité, car il permet de lutter contre l’exclusion et d’enrichir la formation de capital humain dès le plus jeune âge, il me semble nécessaire de maintenir la possibilité pour les enfants âgés de deux ans d’entrer à l’école maternelle, si tel est leur intérêt, en fonction de leur capacités et si des places sont disponibles". Alors que le gouvernement vient d'instaurer un droit de garde, il y a lieu sans doute de retenir d'abord les restrictions finales de cette phrase.

Car le rapport est d'abord écrit à charge contre l'école maternelle. Certes "le développement de tout autre mode d’accueil du jeune enfant, compte tenu des normes d’encadrement sera plus coûteux pour les finances publiques que le maintien de l’accueil à l’école maternelle" : l'école maternelle "coûte" 791 millions mais est le plus économique mode de garde avec une dépense de 4 660 euros par an par enfant, à comparer aux 25 488 euros d'une garde à domicile (dont plus de la moitié sont pris en charge par l'Etat et la CNAF). Au total l'école maternelle ne représente que 5% des dépenses de l'Etat, des collectivités locales et de la sécurité sociale pour l'accueil du jeune enfant.

Par contre, relève M. Tabarot, "la scolarisation précoce ne convient pas à tous les enfants de moins de 3 ans et ne peut être développée dans les écoles que lorsque les conditions d’accueil, les locaux, l’encadrement, la pédagogie sont adaptés". Or "si l’école propose davantage d’activités pédagogiques (graphisme, les activités logiques, le langage, les explications, les repères spatio-temporels), elle sait moins bien gérer les temps d’attente" et les enfants s'y ennuient.

 Il est surtout  reproché à l'école maternelle son inadaptation à la vie des parents et des entreprises. "L’école maternelle n’est pas une panacée pour les parents actifs" estime M. Tabarot qui signale que les parents doivent dans ce cas l'accompagner d'autres modes de garde, par exemple le mercredi.

C'est finalement une école maternelle sans maîtres que propose M. Tabarot. "Je propose de développer sur l’ensemble du territoire l’offre de garde destinée prioritairement aux enfants âgés de 2 à 3 ans, en créant des jardins d’éveil dans les structures existantes et les écoles maternelles… Le jardin d’éveil aura pour principale mission de préparer leur pré-scolarisation à l’école maternelle. Outre la stimulation des capacités linguistiques, les jardins d’éveil faciliteront la socialisation des enfants et la découverte de nouvelles expériences (mouvement, créativité, environnement, nombres, espaces, formes, etc).. Les professionnels de la petite enfance seront chargés de le faire fonctionner. Le matin, auront lieu les activités d'apprentissage et d’éveil. L’Education nationale sera chargée d’assurer la coordination entre enseignants de maternelle et éducateurs des jardins d’éveil quant aux objectifs et méthodes pédagogiques". Il sera ouvert de 7 heures à 19 heures et lors des congés scolaires. Sa mise en place impose de modifier la loi sur les taux d'encadrement puisque le taux prévu par M. Tabarot est de 12 enfants par adulte, c'est-à-dire sensiblement le même qu'à l'école maternelle (1 pour 15).  Ce sont les communes qui auraient à assumer la responsabilité de ce service qui serait payant, à la différence de l'école maternelle. Elle estime nécessaire la création de 300 000 à 500 000 places (ce dernier chiffre est envisagé en cas de suppression de la scolarisation à deux ans).

Alors que la tendance universelle est la scolarisation des gardes d'enfants (voir en Europe la Suède et la Norvège), le rapport tranche en sens inverse. Il n'aborde même pas le débat sur la scolarisation à deux ans. On sait que se sont dressés contre elle des associations conservatrices, certains milieux psychiatriques, plus récemment le rapport Bentolila, des ministres (X. Darcos en 2003, F Fillon en 2004). Dans l'autre camp, plusieurs rapports montrent l'intérêt de la scolarisation au moins pour les enfants de milieu défavorisé. Ce sont ces enfants qui font les frais de la réduction de la scolarisation à deux ans.

Longtemps réputée et protégée, avec le rapport Tabarot, l'école maternelle entre dans une nouvelle ère. Sans oser attaquer ses principes, au nom de l'intérêt de certains parents, le rapport appelle à sa disparition.

 

Publié dans Infos maternelles

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